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Succession : le sort de la part d’héritage des enfants au décès du premier parent

Dans le cadre d’une succession, les enfants sont souvent considérés comme prioritaires en matière de partage de l’héritage. Néanmoins, cette affirmation générale peut être nuancée selon certaines situations spécifiques qui peuvent survenir lors du décès du premier parent. Afin d’éviter toute confusion et d’anticiper au mieux les conséquences dans de telles circonstances, il convient de comprendre comment fonctionne le mécanisme de la réserve héréditaire et les droits qui en découlent pour les héritiers réservataires.

La notion de réserve héréditaire et les droits des enfants

En droit français, la réserve héréditaire est une portion minimale du patrimoine du défunt qui doit revenir à ses descendants directs, notamment ses enfants. Cette réserve est calculée en fonction du nombre d’enfants du défunt et vise à protéger leur droit à une partie de l’héritage, peu importe les dispositions testamentaires prises par le parent décédé. En effet, même si ce dernier exprime clairement sa volonté de léguer l’ensemble de ses biens à un tiers (comme son conjoint survivant, par exemple), les enfants pourront toujours bénéficier de la réserve héréditaire qui leur est due.

Le calcul de la réserve héréditaire

Pour déterminer la part de réserve héréditaire revenant aux enfants, on distingue trois situations :

  • S’il n’y a qu’un seul enfant, la réserve héréditaire est d’un demi du patrimoine du défunt.
  • Si le défunt laisse deux enfants, leur réserve héréditaire cumulée représente les deux tiers de son patrimoine.
  • En présence de trois enfants ou plus, la réserve héréditaire totale s’élève aux trois quarts du patrimoine du parent décédé.

Ainsi, il est possible de conclure que plus il y a d’enfants, plus la part réservataire de chacun sera faible. En revanche, la quotité disponible (c’est-à-dire la part du patrimoine qui peut être librement transmise à d’autres héritiers) sera également plus limitée dans ce cas.

Lorsque le premier parent décède

Dans le cadre d’une succession, lorsque l’un des parents vient à décéder, ses biens sont généralement répartis entre le conjoint survivant et les enfants. Dans cette situation, plusieurs options peuvent se présenter pour le partage de l’héritage.

Le choix entre l’usufruit et la pleine propriété

Le conjoint survivant dispose d’un droit d’option lui permettant de choisir entre :

  • L’usufruit de la totalité des biens existants : cela signifie qu’il pourra continuer à jouir des biens (les utiliser, en percevoir les revenus…) sans pour autant en devenir propriétaire. Les enfants ne toucheront donc pas immédiatement leur part d’héritage et attendront le décès du second parent pour recevoir la pleine propriété des biens concernés.
  • La pleine propriété du quart des biens : dans ce cas, le conjoint survivant devient propriétaire d’une partie des biens, tandis que les enfants se partagent dès lors le reste du patrimoine selon les règles de la réserve héréditaire évoquées précédemment.

L’absence de choix du conjoint survivant

Si le conjoint survivant n’exerce pas son droit d’option, l’héritage sera réparti comme suit :

  • Les enfants issus du couple défunt-survivant recevront une part d’héritage correspondant à leur réserve héréditaire, ainsi qu’éventuellement une portion de quotité disponible.
  • Les enfants qui ne sont pas issus du couple défunt-survivant hériteront seulement de leur réserve héréditaire au sein du patrimoine de leur parent décédé.
  • Le conjoint survivant conservera un usufruit sur les biens restants.

Dans cette configuration, les enfants peuvent donc finalement toucher leur part d’héritage dès le décès du premier parent, mais cela dépendra en grande partie des choix effectués par le conjoint survivant et de la composition de la famille.

Le recours à un testament ou une donation entre époux

Afin d’aménager les règles de succession au profit du conjoint survivant, le défunt peut avoir pris certaines dispositions particulières par le biais d’un testament ou d’une donation entre époux. Ces actes permettent notamment :

  • D’augmenter la quotité disponible au bénéfice du conjoint survivant (jusqu’à l’intégralité du patrimoine dans certains cas).
  • De prévoir des avantages spécifiques pour le conjoint survivant, tels que des droits d’usufruit plus étendus ou la possibilité de choisir entre plusieurs options pour le partage des biens.

Quoi qu’il en soit, ces aménagements ne peuvent pas porter atteinte aux droits réservataires des enfants, qui restent prioritaires lors d’une succession. Le décès du premier parent n’entraîne donc pas nécessairement le versement immédiat de leur part d’héritage, mais cela dépend de plusieurs facteurs, dont les choix effectués par le conjoint survivant, les dispositions testamentaires prises par le défunt et la nature même de l’héritage.